L’affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et qui vient d’être classée définitivement restera dans les annales et ne livrera pas ses secrets, du moins pas avant la libération de l’accusé principal. Montée de toutes pièces ou non, on ne saura pas de sitôt toute la vérité et qui tire les ficelles.
Chafik Jarraya vient d’être innocenté et le verdict est tombé avant-hier, mardi, laissant pantois certains observateurs en raison de la très grave accusation portée à son encontre et la nature de l’affaire. Comment pourrait-on innocenter une personne accusée de «complot contre la sûreté de l’Etat». Et pourtant l’issue de cette affaire était bien prévisible pour d’autres analystes au regard scrutateur.
En effet, la libération des deux hauts cadres sécuritaires impliqués dans la même affaire en avril dernier, à savoir Imed Achour, ancien directeur général des services spécialisés, et Saber Lâajili, ex-directeur de la brigade antiterroriste d’El Gorgani à Tunis, a appuyé la position de certains hauts cadres sécuritaires qui sont restés sceptiques depuis le déclenchement de cette affaire. Le comité de défense de Saber Lâajili n’a pas hésité à déposer plainte en septembre 2018 devant le groupe de travail sur la détention arbitraire relevant du Conseil onusien des droits de l’Homme basé à Genève.
Le ministère public près le Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a décidé donc de classer l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’Etat dans laquelle étaient impliqués Chafik Jarraya, Saber Laâjili, Imed Achour, ainsi que l’ancien ministre de l’Intérieur, Néjim Gharsalli.
L’affaire en question ne livrera jamais tous ses secrets, mais, selon les informations recueillies, le comité de défense de l’homme d’affaires Chefik Jarraya a décidé d’engager des poursuites judiciaires contre la partie plaignante et a demandé des réparations morales et matérielles pour ces accusations qui ont porté préjudice à leur client.
Pour rappel, les deux hauts cadres sécuritaires Saber Lâajili et Imed Achour avaient retrouvé la liberté en avril dernier suite à l’annulation par la Cour de cassation de l’ordonnance de la chambre d’accusation militaire se rapportant au «complot contre la sûreté de l’Etat». Cette décision a concerné deux autres accusés, à savoir l’ancien ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli, et l’homme d’affaires Chafik Jarraya, qui est toujours maintenu en détention en raison de son implication dans une autre affaire, instruite par le Pôle judiciaire financier. Une audience est prévue pour le 21 octobre à cet effet.
L’homme d’affaires Chafik Jarraya, connu pour ses relations avec des éléments islamistes radicaux et factieux en Libye après la révolution, dont notamment Abdelhakim Belhaj, a été arrêté en mai 2017 dans le cadre d’une campagne menée par le gouvernement contre des personnes suspectées de corruption, de contrebande et d’implication dans des réseaux de l’économie parallèle.
Cette affaire, qui a fait couler beaucoup d’encre et qui vient d’être classée définitivement, restera dans les annales et ne livrera pas ses secrets, du moins pas avant la libération de l’accusé principal. Cousue de toutes pièces ou non, on ne saura pas de sitôt toute la vérité et qui tire les ficelles.